Nos espions sont-ils des imbéciles pour avoir cru que l’Irak possédait des armes de destruction massive ou l’administration Bush a-t-elle menti ?
Il faut se souvenir tout d’abord qu’avant la guerre il n’y avait pas de désaccord entre les États-Unis et la communauté internationale sur le fait que l’Irak possédait des armes de destruction massive. Jacques Chirac avait affirmé que l’Irak devait être désarmé et les services secrets allemand et russe croyaient également à cette présence d’armes de destruction massive. Dans le même temps, les Israéliens, y croyant également, avaient distribué des masques à gaz à toute leur population. Et les généraux irakiens capturés pensaient tous sincèrement que leur pays en possédait même s’il savait que leurs troupes n’en disposaient pas. Cela peut paraître paradoxal quand on sait qu’on a rien trouvé en Irak, mais il y a plusieurs possibilités d’explication :
– Saddam avait peut-être détruit ses armes, mais continuait à faire croire qu’il en possédait pour intimider les États-Unis et son peuple. David Kay a aussi suggéré qu’il était possible que Saddam Hussein ait cru qu’il en possédait, mais que les fonds étaient en fait détournés par les scientifiques qui n’en construisirent aucune.
– Il a aussi pu détruire ses armes à la dernière minute, espérant un cessez-le-feu négocié par la France et la Russie en échange d’inspections plus sévères.
– Il est possible également que ces armes aient été envoyées en Syrie.
Quelle que soit la réponse, il n’a pu y avoir que de petites quantités d’arme et on est loin des larges stocks dont on nous a parlé. Il ne faut cependant pas perde de vue qu’il suffit de peu d’agents chimiques ou bactériologiques pour équiper de nombreuses armes.
M. Kay affirme que l’administration n’a trompée personne. Elle a cependant commis une erreur en insistant sur la seule question des armes de destruction massive. Il aurait fallu également insister sur la nature du régime de Saddam Hussein et ses liens avec les terroristes, y compris Al Qaïda. La question des armes de destruction massive n’a été mise en avant que parce qu’elle permettait de mettre d’accord toutes les agences de renseignement.
« ’Kay’ Sera, Sera », par James Woolsey, Wall Street Journal, 9 février 2004.
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