Il n’est jamais facile de conserver le sens de la mesure face à une campagne terroriste aussi violente que celle conduite par Al Qaïda. Pour certains, il semble que cela soit encore plus difficile que pour d’autres puisque James Woolsey a affirmé que nous étions engagés dans la « troisième guerre mondiale » et que Tony Blair présente la menace terroriste comme une « menace existentielle, » pour nos démocraties.
Le terrorisme islamiste est une menace pour l’existence physique des gens qu’il vise mais il n’a pourtant rien de comparable avec la menace pour les démocraties et les juifs d’Europe qu’incarnait le nazisme et ne parlons même pas de la menace nucléaire de la Guerre froide. De même, l’Amérique et ses alliés ne « perdent pas la guerre au terrorisme » car même si Al Qaïda se renforce, son objectif de fonder une théocratie pan-islamique est impossible à réaliser. Pourtant, malgré cela, George W. Bush semble vouloir absolument se conformer au rôle que Ben Laden a écrit pour lui, déclenchant un cycle de violence.
La fermeture forcée d’un journal militant chiite suivie de l’utilisation d’hélicoptères contre la manifestation de protestation ont ouvert un cycle de violence et de résistance dont profitent les extrémistes que cette guerre était censée affaiblir. Les stratégies de la contre-insurrection supposent pourtant deux éléments : une campagne militaire visant précisément les groupes violents et une campagne politique visant à isoler ces groupes. Bush a violé ces deux principes en s’attaquant à l’Irak, une attaque qui l’obsédait depuis longtemps. Il s’est aliéné la population musulmane qui a eu l’impression que son opinion ne comptait pas, impression renforcée par le soutien à la brutale politique d’annexion d’Ariel Sharon.
Cette attitude a fait perdre la bataille de la propagande, mais les néo-conservateurs continuent de s’attaquer à toute personne demandant une politique de diminution du ressentiment des populations. Ils n’ont rien compris à la menace et ignorent qu’une insurrection se combat politiquement. Tony Blair le savait, mais il a préféré sacrifier cette politique à son lien avec George W. Bush. Une victoire de John Kerry est peut-être le seul espoir de rétablir la situation.
« The war on terror misfired. Blame it all on the neocons », par David Clark, The Guardian, 7 avril 2004.
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