Il y a 40 ans, durant la guerre du Vietnam, le sénateur Fulbright affirmait que deux Amériques étaient en train de s’affronter. C’est à nouveau le cas aujourd’hui dans l’élection présidentielle. Soit l’Amérique redeviendra un partenaire pour le monde, soit elle continuera sa course actuelle vers le choc des civilisations. Cette élection va déterminer la politique américaine pour une génération, car quatre juges de la cour suprême vont être remplacés dans les quatre prochaines années, ce qui place le prochain occupant de la Maison-Blanche dans une position unique pour influencer la constitution. Si George W. Bush est élu, son conservatisme moral s’instaurera pour de nombreuses années. Un président Kerry aurait moins de marge de manœuvre mais pourrait au moins cesser les attaques contre le libéralisme américain. C’est une bataille pour l’âme politique des États-Unis.
Pour la plus grande partie du monde démocratique, il y a de bonnes raisons de vouloir la victoire de Kerry, une victoire qui signifierait un retour au multilatéralisme. Toutefois, même avec Kerry, il ne faut pas compter sur une ratification du protocole de Kyoto ou un changement de politique vis-à-vis d’Israël. D’un point de vue international, la politique étrangère des États-Unis restera conservatrice car cette posture est directement liée aux rapports de puissance de cet État et de sa position dans le monde.
Partant de ce postulat, quelle doit être la politique du Royaume-Uni ? Garder une « relation spéciale » tout en ayant une politique européenne sera plus facile avec Kerry mais ne sera pas tenable à long terme non plus. En fait, il faut oublier la « spécificité » de la relation avec les États-Unis, qui nous fait nous comporter comme un pays colonisé. Malheureusement, Tony Blair n’est pas la bonne personne pour changer la direction de notre politique étrangère. Les conservateurs, qui commencent juste à être critiques, ne sont pas convaincants dans ce rôle non plus et les Libéraux démocrates ne sont pas prêts à gouverner. Gordon Brown, bien que sans doute plus critique, aurait finalement agi comme Blair.
Que Bush ou Kerry soit élu, il faut une refonte de la relation transatlantique.
« Stuck in the middle », par David Clark, The Guardian, 2 novembre 2004
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