La reconnaissance par la Maison-Blanche le mois dernier de l’arrêt des recherches d’armes de destruction massive en Irak remet en lumière la plus calamiteuse tromperie de l’histoire moderne. Cette annonce a eu lieu un mois après une élection présidentielle où l’Irak et les armes de destruction massive ont joué un rôle central. Cette question aurait pu être le talon d’Achille de George W. Bush, mais John Kerry a trop souvent changé de position sur ce sujet. C’était pourtant lui qui au Sénat en 2002 avait, en posant une question à Colin Powell, forcé l’administration Bush à admettre que les armes de destruction massive étaient le seul motif de guerre en Irak.
Quand on voit la situation aujourd’hui en Irak (une société laïque devenue le centre d’un jihad anti-américain, des dizaines de milliers de morts civiles, une guerre sans fin coûtant 3,2 milliards de dollars par mois, les principes démocratiques bafoués), on se dit que la seule excuse possible à tout cela est une cause qui en valait la peine. Les armes de destruction massive en était une, mais elles n’existent pas. Les politiciens, les médias de masse et l’opinion publique ont cru aux affirmations de Powell selon lesquelles l’Irak violait les résolutions de l’ONU et voulait développer des armes de destruction massive. Ils ont accepté tout cela sans débat et n’ont pas laisser de chances aux inspections, processus dénigrés depuis Bill Clinton. Tout le monde a semblé accepter le rejet des faits par l’administration Bush et accepter l’idée que les « renseignements » étaient infaillibles.
Les États-Unis ont créé un groupe de surveillance (qui n’a servit que de véhicule à Judith Miller pour relancer la propagande d’Ahmed Chalabi) et l’invasion a commencé. Après l’invasion, Miller est retournée chez elle et la CIA a créé un groupe de surveillance de l’Irak dont les présidents successifs, David Kay et Charles Duelfer, ont été chargés de noyer le poisson, de cacher les responsabilités de l’escroquerie et de faire croire qu’aucun crime n’avait été commis. Pourtant, il s’agit bien d’un crime aux proportions gigantesques dont nous sommes tous complices pour n’avoir su l’empêcher.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Criminals the lot of us », par Scott Ritter, The Guardian, 27 janvier 2005.
« How we bought the WMD lie », The Age, 31 janvier 2005.