Je vois une double signification dans la visite du président George W. Bush à Bruxelles : la reconnaissance par l’Amérique de la valeur ajoutée de l’Union européenne dans la construction d’un monde meilleur ; le souhait légitime de l’Amérique d’investir davantage dans le partenariat avec l’Union européenne. Les Européens doivent donc saisir cette occasion de convaincre les derniers sceptiques qu’une Europe unie et plus forte constitue le meilleur autre partenaire global possible pour les États-Unis. Nous devons apprendre à surmonter les différends qui opposent parfois les deux côtés de l’Atlantique afin de travailler davantage ensemble aux problèmes du monde.
Ce travail est déjà engagé et nous avons obtenu des résultats dans la lutte contre le terrorisme, même si on parle trop peu de ces progrès. Récemment et de manière plus visible, Européens et Américains ont aussi œuvré ensemble au succès des élections en Irak. Avec les États-Unis, l’Europe veut et peut aider au succès des prochaines étapes attendues du processus politique irakien. Dans d’autres régions du monde, les vertus d’un partenariat transatlantique équilibré et déterminé à réussir ont également fait leurs preuves, en Afghanistan ou dans les Balkans par exemple. L’enseignement est désormais clair pour chacun : en travaillant dans la même direction, les États-Unis et l’Europe sont capables des meilleures réalisations. La tâche qui nous attend ici et maintenant, c’est de définir une base d’action commune pour relever le plus grand nombre possible de défis, y compris les plus difficiles. J’en compte deux principalement : l’Iran et le processus de paix au Proche-Orient.
Concernant l’Iran, Européens et Américains souhaitent voir un pays démocratique, gouverné de manière responsable, prêt à s’intégrer à la communauté internationale et ne disposant pas de l’arme nucléaire. Nous Européens, pensons qu’une approche diplomatique est la meilleure solution, il faut que nous nous concertions pour parvenir à maximiser les chances de succès.
Dans le processus de paix au Proche-Orient, Américains et Européens, nous sommes décidés à mettre à profit la fenêtre d’opportunités nouvelles qui s’ouvre avec l’élection de Mahmoud Abbas et la signature d’un cessez-le-feu. L’espoir enfin d’une paix durable dans cette région du monde mérite qu’on lui sacrifie tous les efforts. Ensemble, les responsables palestiniens et israéliens doivent l’assumer et prendre des décisions courageuses pour leur peuple. Nous devons travailler ensemble afin de gommer les difficultés. Il faut porter notre effort sur le volet sécuritaire, mais aussi sur le volet économique et social pour enrayer la catastrophe humaine qui menace de laisser les Territoires palestiniens aux mains des seuls extrémistes. Il faut relancer la « feuille de route » et donner aux différentes parties des perspectives politiques.
Bien sûr, d’autres questions figurent à l’ordre du jour de l’agenda transatlantique. La Syrie et le Liban, l’Afghanistan, la Chine, la Russie, l’Ukraine, le réchauffement de la planète et le protocole de Kyoto, la réforme des Nations unies, le traité de non-prolifération, le cycle commercial de Doha : autant de questions qui exigent des Américains et des Européens de bâtir une approche commune et de consolider un vrai partenariat pour agir.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Un partenariat pour agir », par Javier Solana, Le Figaro, 21 février 2005.