Aux États-Unis, j’ai déclaré que l’atmosphère actuelle en Israël était proche de la guerre civile, mais cela ne veut pas dire que je pense qu’elle éclatera. Jusqu’à aujourd’hui, le dialogue avec les colons était impossible, mais maintenant que la question du référendum a été rejetée et que mon budget est adopté, les colons ont compris qu’il n’y aurait pas de retour en arrière possible et ils ont accepté de discuter. J’ai souvent expliqué aux dirigeants des colons les bénéfices pour la nation de ce désengagement, mais je ne les ai pas convaincus car ils ne souhaitent pas quitter Gaza.
J’ai passé un accord sur ce point avec les Américains, car je leur fait plus confiance qu’aux Palestiniens et nous nous sommes entendus sur le fait que le terrorisme devait totalement cesser pour que nous allions plus loin qu’un désengagement de Gaza. Si le terrorisme ne cesse pas, nous en resteront à ce seul retrait et si jamais des actes de terrorisme sont commis depuis Gaza, notre réponse dans ces territoires sera dure. Aujourd’hui, les États-Unis nous soutiennent dans notre souhait de nous défendre préventivement et de maintenir les grands blocs de populations israéliens dans notre territoire. Certes, Washington s’oppose à l’extension des colonies, mais il s’agit de la position traditionnelle des États-Unis depuis 1968 et notre différend sur ce point n’a pas mis à mal notre relation.
La frontière finale séparant Israël d’un État palestinien devra être sûre. Nous devrons donner des territoires à l’ouest de la barrière de sécurité mais nous en conserverons à l’Est de cette limite. Toutefois, cela sera discuté lors des négociations finales ; en attendant, nous ne projetons de nous retirer d’aucun endroit en Cisjordanie.
Pour que la " feuille de route " soit appliquée, il faut un arrêt du terrorisme. Mahmoud Abbas y travaille, mais les résultats sont insuffisants. Il n’a pas mis fin à la production d’armes dans les territoires et ne s’est pas attaqué aux structures terroristes. Il existe encore des risques pour nous. Parce qu’il participe aux élections, on peut craindre que l’Union européenne ne cesse de considérer le Hamas comme une organisation terroriste. Pour ma part, je pense que ce groupe reste une organisation terroriste, même avec des élus au parlement.
Je suis optimiste pour l’avenir, il y a des progrès depuis la mort de Yasser Arafat. Nous travaillons avec Abbas mais les États-Unis ne nous force pas à faire de concessions. Pourtant, nous savons que nous devrons faire des sacrifices difficiles. Toutefois, je ne sacrifierai jamais la sécurité d’Israël, ni le berceau de l’État juif, nous n’abandonnerons jamais Hebron. Les colons doivent le comprendre et ils doivent quitter leur foyer à Gaza pour le bien du plus grand nombre. Si nous ne quittons pas Gaza, nous serons soumis à de grandes pressions et ce sont toutes les colonies qui seront en danger.
Lors de la venue de Poutine en Israël, nous discuterons de toute une série de questions allant de l’antisémitisme en Russie aux ventes d’armes dans la région. La Russie est un pays de 147 millions d’habitants, à ce niveau c’est plus un continent qu’un pays. Il a un grand potentiel également du fait de ses ressources naturelles et c’est quelque chose que j’ai bien compris.
Aujourd’hui, l’Iran développe des armes nucléaires mais ce n’est pas un problème palestinien, c’est un problème mondial et nous n’avons pas à le régler seul. L’Iran est un pays où les modérés parlent de détruire Israël et qui soutient le terrorisme. Avec la Syrie et le Hezbollah, ils menacent Abu Mazen.
« Sharon speaks to the ’Post’ », par Ariel Sharon, Jerusalem Post, 22 avril 2005. Ce texte est adapté d’une interview.
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