La Fédération de Russie doit-elle rester dans des institutions internationales notoirement contrôlées par Washington ? La question est récurrente en Russie depuis l’affaire ukrainienne. Il est clair que loin de faire appliquer le droit international, l’Onu et ses agences servent exclusivement les intérêts états-uniens. Anatoli Wasserman propose de mettre à nu cette escroquerie avant d’en sortir.
Ne nous pressons pas de trouver une alternative à la « globalisation à l’occidentale », mais exploitons plutôt tout le potentiel des organisations internationales
L’« Occident » en général et les États-Unis en particulier (et dans une moindre mesure l’Union européenne) on dépensé beaucoup d’énergie, de moyens et de temps à claironner devant le reste du monde ainsi que ses environs. Il suffit d’observer, par exemple, les compétitions sportives organisées aux États-Unis où sont représentées différentes disciplines propres au pays, puis de regarder les compétitions internationales, il devient alors très clair que le monde se transforme en pâle copie des États-Unis. Aujourd’hui, alors que plus de la moitié de la population sur Terre ainsi qu’à peu près la moitié des richesses économiques se concentrent dans des pays qui sont loin de soutenir inconditionnellement les décisions états-uniennes (et même celles prises ensemble avec l’Union européenne), nous avons malgré tout pris l’habitude de parler, par exemple, de l’isolation de la Fédération de Russie par la communauté internationale, alors qu’il serait plus objectif de dire que ce sont les États-Unis ainsi que l’Europe qui tentent de s’isoler de la Fédération de Russie. C’est pourquoi beaucoup de gens ont pris l’habitude de croire que les États-Unis ont raison de s’attribuer la responsabilité de prendre les décisions concernant le reste du monde, décisions prises de façon autonome ou bien au nom de l’Otan, ou voire encore avec l’implication de l’UE.
De plus, de nombreuses structures créées en premier lieu par les nations et pour les nations sont depuis longtemps dans la pratique sous le contrôle des États-Unis. Cela s’observe sous différentes formes. Par exemple, pendant de nombreuses années les États-Unis étaient le sponsor principal de certaines grandes organisations internationales telles que l’Onu ou encore l’Unesco. Maintenant, autant que j’en sache, les États-Unis ont prêté de l’argent à l’Unesco sur plusieurs années et conservent ainsi leur influence (qui, clairement, est loin d’être proportionnelle à la part apportée par les États-Unis au patrimoine culturel mondial) : ils ont simplement su apprivoiser plusieurs générations de hauts-fonctionnaires.
Ainsi, je me permet de faire remarquer qu’il serait temps de se poser la question du rôle réel des États-Unis dans les organisations internationales.
Néanmoins, la création d’une structure nouvelle à l’échelle internationale n’est pas suffisante, car créer des organisations alternatives pour contrer le pouvoir des structures telles que l’Onu et l’Unesco, certes, minimisera le pouvoir exercé par ces dernières, mais ne donnera pas pour autant un nouveau pouvoir aux nouvelles structures. En conséquence, sera détruite l’autorité exercée aussi bien par les nouvelles que par les anciennes organisations. En revanche, le pouvoir des États-Unis, lui, au milieu de toute cette stratégie d’affaiblissement n’en sera que renforcé.
C’est pourquoi il est plus facile et plus sensé de se poser la question du rôle réel et de l’influence réelle des États-Unis au sein des structures internationales existantes, ainsi que de se demander pourquoi ces structures se transforment de facto en internationales états-uniennes.
Il est clair qu’il nous faut non pas proposer la création d’un nouveau tribunal pour enquêter sur les crimes perpétrés par les nazis dans le Donbass, mais plutôt demander pourquoi les structures existantes ne font pas ce qu’elles devraient faire tel que le dicte leur statut ; et exiger le rétablissement de la capacité d’action de ces structures. Ainsi, à travers l’analyse des raisons d’une telle passivité, sera démontré que les responsables de cette immobilité ne sont autres que le États-Unis et leurs quelques complices.
Ainsi, nous devons non pas sortir nous-mêmes des structures internationales, mais exiger que les États-Unis en soient exclus – pour sabotage évident et sans complexe.
Et si nous devenons convaincus qu’il n’y a aucune chance que les membres de ces structures prennent conscience du sens réel de leur rôle, alors nous pouvons en sortir nous-mêmes et ainsi conserver notre pouvoir ; voire l’augmenter grâce à une telle décision. Il est une chose de sortir par exemple de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de s’entendre crier « Ces lâches se sont enfuis parce qu’ils sont accusés de ça et ça », mais il en est une autre de sortir de l’OSCE en s’appuyant sur l’opinion générale (déjà exprimée par nous-mêmes) selon laquelle l’OSCE est devenue un théâtre de marionnettes et ceux qui choisissent d’y rester restent des marionnettes.
En conséquence, avant de sortir, nous devons malgré tout démontrer de façon claire que notre départ n’est pas un signe de faiblesse, mais au contraire une preuve de notre force.
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