La capture de Saddam Hussein va très vraisemblablement entraîner une réduction drastique du nombre des attentats contre les Américains et leurs alliés. Cela ne serait pas vrai si les assaillants étaient de vrais nationalistes engagés dans une lutte contre l’envahisseur, mais ils ont montré que ce n’était pas le cas en s’attaquant à l’ONU et à la Croix rouge, ce que des nationalistes cherchant l’indépendance n’auraient pas fait.
Difficile de croire qu’il s’agit de nationalistes quand on note les attaques contre les chiites qui forment 60 % de la population. D’ailleurs plus de la moitié de la population est hostile à la violence. On pourrait penser que l’arrestation de Saddam Hussein rend les idéologues du parti Ba’as encore plus intransigeants, mais ce parti, autrefois dynamique, n’est plus qu’une mafia de fonctionnaires entourant un Saddam Hussein devenu un musulman dévot. De vrais nationalistes n’auraient pas d’intérêt dans la résurrection d’un tel système.
Ce sont les loyautés clanique et tribale en plus des rétributions financières qui expliquaient les attentats. Saddam, même s’il ne contrôlait pas tout au jour le jour, conservait un contrôle stratégique sur les assaillants. Maintenant qu’il est arrêté, ses fidèles vont sans nul doute se disperser avec les fonds débloqués. La violence ne sera plus que celle des islamistes, donc plus sporadique. Le vrai danger viendra par contre des chiites qui, désormais débarrassé de Saddam, pourraient cesser de collaborer avec la Coalition.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Les attentats devraient diminuer », par Edward N. Luttwak, Le Figaro, 16 décembre 2003.