Quand les présidents américains sont réélus, ils sont libres de poursuivre leur rêve. Leurs partisans leur demandent d’aller plus loin, leurs opposants prédisent des catastrophes et les Premier ministre étrangers croisent les doigts pour être écoutés. Pour Ronald Reagan, les prédictions étaient qu’il allait adopter une position encore plus dure contre l’URSS et qu’il allait accélérer la course aux armements, certains pensaient même que l’escalade mènerait à la guerre. Pour Bill Clinton, on pensait que la politique étrangère serait encore plus passive. Aujourd’hui, pour George W. Bush on estime qu’il y aura une multiplication des Falludjah en Irak et des offensives contre l’Iran et la Syrie.
Tout cela ne sont que des prédictions et on remarque au contraire que les présidents ont tendance à recentrer leur politique lors de leur second mandat, les présidents ont tendance à aller davantage vers la gauche quand ils sont de droits et inversement. C’est ce qu’ont montré Reagan et Clinton. C’est une conséquence de l’entropie : la tendance de chaque mécanisme à revenir à l’équilibre après avoir été bousculé.
Ainsi, le président Bush veut peut-être dépenser davantage pour la défense, mais les déficits ne le permettent pas. Il veut peut-être reconquérir toutes les villes sunnites, mais nous n’avons pas assez de troupes pour cela et cette situation devrait plutôt nous pousser à nous retirer. Bien sûr, théoriquement, le président Bush pourrait combattre l’entropie en demandant au Congrès de rétablir la conscription ou en mobilisant la Garde nationale. Une autre forme d’entropie va sans doute éviter une guerre avec l’Iran. Les actions états-uniennes en Afghanistan et en Irak la rende moins nécessaire car Téhéran craint Washington. Par contre, si la Syrie continue à laisser passer les islamistes en Irak, l’entropie ne la sauvera pas.
« Change course : it’s the first rule of the re-elected », par Edward Luttwak, The Daily Telegraph, 14 novembre 2004
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