Nous n’avons toujours pas de réponse à une question : les évènements du 11 septembre pouvaient-ils être évités par l’administration Bush ou l’administration Clinton ? Je pense que oui, mais pas en tuant Ben Laden ou en suivant les conseils de Richard Clarke avant le 11 septembre.
Dans son livre, Clarke affirme que, en raison de leur obsession de la question irakienne, George W. Bush, Dick Cheney, Condoleezza Rice et d’autres responsables de l’administration Bush n’ont pas vu le danger représenté par Al Qaïda. Il est vrai que l’administration Bush a toujours voulu en terminer avec Saddam Hussein et qu’elle a rejeté toutes les politiques de ses prédécesseurs. Il est donc vrai que l’administration Bush n’a pas porté une grande attention aux avertissements de Clarke. Il faut cependant reconnaître que Clarke avait alerté l’administration Bush d’un risque d’attaque informatique d’Al Qaïda, puis de l’usage d’armes de destruction massive par cette organisation. Comme il l’avait fait pour justifier l’attaque contre l’usine pharmaceutique au Soudan, il avait affirmé posséder des informations qu’il ne pouvait pas révéler. Cybersécurité, anthrax et Al Qaïda, tout a été mêlé pour Clarke.
Après le 11 septembre l’administration Bush fut convaincue que la seule chose de pire qu’on pouvait attendre était une attaque impliquant l’usage d’armes de destruction massive. Elle se raccrocha à l’analyse de Clarke et de William S. Cohen. Bien sûr, l’administration Bush voulait déjà attaquer l’Irak, mais elle parvint à convaincre les experts des questions de sécurité des deux partis de l’importance de cette attaque. Aujourd’hui, Clarke affirme que la Guerre d’Irak nous a détourné de la guerre au terrorisme oubliant de préciser que la politique menée n’a fait que suivre son analyse. Aujourd’hui, Clarke affirme que c’est l’Iran qui est notre principale menace.
En réalité, le vrai problème c’est que toute notre politique étrangère est gouvernée par la peur. Les professionnels de la sécurité livrent des analyses qui alimentent cette peur. Les gouvernants, craignant les conséquences de l’inaction, enchaînent des actions secrètes car elles sont plus faciles à entreprendre que des guerres qui seront débattues. Toutefois, faute d’annonce officielle de la politique suivie, les différents services ont conduit des actions désordonnées avant le 11 septembre ne permettant pas d’empêcher les attentats.
« The U.S. Department of Fear », par William M. Arkin, Los Angeles Times, 4 avril 2004.
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