Durant la phase majeure de combat en Irak, qui s’est conclue l’année dernière, la région de Faludja a été épargnée. Quand les occupants de la 82ème division aéroportée sont arrivés, ils étaient fort peu nombreux pour garder non seulement le corridor Faludja-Ramadi, qui est le foyer d’un million d’Irakiens, mais aussi tous le tiers occidental du pays. S’ils étaient si peu nombreux, c’est que les États-Unis n’ont rien compris à la société irakienne en sous-estimant l’importance sociétale de la force et de la fierté.
Les États-Unis ont pensé qu’une fois Saddam Hussein vaincu , la nécessité de la force déclinerait car ce devait être une guerre contre un dictateur et ses partisans, pas contre le peuple irakien. Ils ont cru que la population s’unirait à eux pour construire une société démocratique et éclairée. Mais la brutalité et la peur ont été les principes d’organisation de la société irakienne de tout temps et cela ne changera pas en une nuit. Faludja ne s’est jamais sentie conquise et c’était une question de temps avant que la manière douce des États-Unis ne soit prise pour de la faiblesse. À Washington, les militaires sont frustrés par la situation sur le terrain car elle nécessite une attitude brutale qui ne leur convient pas hors du champ de bataille. Face à eux se trouve une population qui a dû mener des guerres brutales pendant 20 ans.
Les États-Unis n’ont pas tenu compte non plus de la fierté nationale et l’attachement aux grands dessins socialistes d’Hussein, au système scolaire et de santé. Si des Irakiens se rallient à Moqtada al-Sadr, c’est surtout parce qu’il n’est pas George W. Bush, L. Paul Bremer ou un laquais du Conseil de gouvernement irakien. Pour l’instant, la force est nécessaire parce que c’est ce que les Irakiens comprennent, mais il faut surtout un dirigeant irakien.
« In Iraq, Talk Tough and Carry a Big Stick », par William M. Arkin, Los Angeles Times, 19 avril 2004.
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