L’enlèvement de Margaret Hassan en Irak est choquant, mais pas surprenant. Nous en sommes venus à accepter que cela puisse arriver à n’importe quel membre de notre famille ou à nos amis. C’est arrivé à ma chère amie Nada dont le neveu a été enlevé le 25 septembre et décapité le 2 octobre, sans demande de rançon. Il a sans doute été enlevé par erreur à cause de son type européen. Son corps n’a pas été retrouvé.
Sa famille est partie pour la Jordanie et la Syrie. Il y a deux millions d’Irakiens en Jordanie, en Syrie ou au Liban et 200 000 chrétiens irakiens ont quitté le pays. C’est la réalité quotidienne du nouvel Irak : 100 Irakiens meurent en moyenne chaque jour, les enlèvements pour le profit ou la vengeance se développent et les jeunes filles sont vendues dans les pays voisins pour la prostitution. Des jeunes filles (parfois très jeunes) sont régulièrement enlevées et violées. Deux Irakiens avaient été enlevés en même temps que deux travailleuses humanitaires irakiennes et ils ont été relâchés par la suite, mais, contrairement aux Italiennes, ils n’ont pas attiré l’attention des médias occidentaux.
Les travailleurs humanitaires ne sont pas les seules cibles : 250 professeurs d’université ou scientifiques ont été tués et plus de 1000 universitaires ont quitté le pays. Les journalistes irakiens également souffrent d’attaques et beaucoup ont quitté le pays, tout comme les médecins. Ces assassinats ne donnent pas lieu à des enquêtes et ne sont pas répertoriés.
Alors que les forces états-uniennes se sont présentées comme les championnes de la liberté et de la démocratie, elles n’ont apporté que le chaos, les meurtres, les punitions collectives, les tortures de prisonniers et la destruction des infrastructures du pays. Le bilan du gouvernement « souverain » intérimaire irakien est désastreux mais, sans consultation de la population, Iyad Allaoui déclare que les Irakiens veulent que les forces d’occupation restent sur place. Tony Blair avait affirmé que la guerre « sauverait des vies », mais la mort est partout. Les Irakiens veulent la fin de l’occupation.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Chaos, murder and mayhem », par Haifa Zangana, The Guardian, 25 octobre 2004.