Dans un discours faisant écho à celui de George W. Bush, Qasim Daoud, le ministre irakien pour la sécurité nationale a affirmée « mission accomplie, Falloudja a été libérée ». Il a fièrement affirmé que 1400 terroristes étrangers ou saddamistes ont été tués, mais il a évité de parler du nombre de civils. Dans le même temps, de Bagdad à Bassora, des milliers d’Irakiens manifestaient en soutien à la population de Falloudja. Beaucoup furent arrêtés, certains furent battus et le gouvernement d’Iyad Allaoui a imposé un nouveau couvre-feu.
Les militaires états-uniens doivent encore combattre la résistance qui se développe à Nadjaf et à Mossoul. Autour de Falloudja des camps ont été érigés pour accueillir les femmes et les enfants. Les hommes de 15 à 50 ans n’ont pas le droit de sortir de la ville et 150 000 personnes attendent avec angoisse des nouvelles d’un père, d’un mari ou d’un fils. Les images d’exécution d’un blessé sans arme par un Marines prouvent que beaucoup ne survivront pas. Le Croissant rouge affirme qu’au moins 900 civils sont morts pendant les bombardements de la ville et que les punitions collectives à l’israélienne se multiplient. Lors d’un bombardement d’hôpital, 130 civils sont morts, mais Qasim Daoud a présenté cela comme une « opération propre » et le gouvernement affirme que ses opposants refusent le processus démocratique.
En 19 mois, les opposants à l’occupation ont manifesté, lancé des pétitions, rédigé des programmes de partis politiques, ouvert des centres de défense des Droits de l’homme ou organisé des cours dans les universités. En réponse, ils sont été ignorés, leurs journaux fermés, les rédacteurs emprisonnés, les manifestants abattus, arrêtés, abusés ou torturés car ils refusaient la présence de forces d’occupation. Le quatrième jour de l’attaque contre Falloudja, des prières communes pour les sunnites et les chiites ont été organisées dans les quatre grandes mosquées de Bagdad, comme lors de la révolte de 1920. Le discours d’Allaoui ne prend plus dans la population. Les gouvernements occidentaux ont soutenu Saddam Hussein contre son peuple pendant des décennies. Ils font la même erreur aujourd’hui et les combattants irakiens se retournent contre eux.
« What drives the fighters in flip-flops », par Haifa Zangana, The Guardian, 17 novembre 2004.
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