Au début de cette année, j’ai rencontré Adnan al-Obaidy, un digne homme de 70 ans qui venait d’être libéré d’Abu Ghraib après six mois de détention. Quand je lui demandais s’il avait été torturé, nous étions en présence de sa femme et de ses enfants, il me répondit non avec la même expression que j’avais eu quand ma mère me l’avait demandé quand j’étais détenue à la même prison dans les années 70. Comment peut-on parler des humiliations subies, du fait d’avoir été traité comme un animal ? Comment expliquer la perte d’esprit ou la peur ?
La Croix rouge estime le nombre de prisonniers entre 10 et 15 000, une nouvelle génération d’hommes irakiens manquants. La torture est pratiquée depuis le début de l’occupation dans les prisons d’après les organisations de défense des Droits de l’homme qui ont commencé à en parler en juin. Pour éviter de devoir faire face à la colère des Irakiens, les autorités affirment qu’il ne s’agit que d’incidents isolés et que cela n’a rien à voir avec ce qui se passait sous Saddam Hussein, comme si les Irakiens avaient voulu remplacer un bourreau par un autre. Les Irakiens sont choqués car ils voulaient mettre fin à la torture et aux exécutions. Les excuses ne leur suffiront pas si on ne met pas fin à ces pratiques.
« I, too, was tortured in Abu Ghraib », par Haifa Zangana, The Guardian, 11 mai 2004.
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