Extrêmement préoccupé par la poursuite de l’escalade des hostilités engagées au Liban et en Israël depuis l’attaque lancée le 12 juillet dernier par le Hezbollah, le Conseil de sécurité a adopté ce soir la résolution 1701 (2006) aux termes de laquelle il lance un appel en faveur d’une cessation immédiate de toutes les attaques du Hezbollah et de toutes les offensives militaires d’Israël. Il demande au Secrétaire général de lui rendre compte, dans une semaine au plus tard, de l’application de ce texte. Il est profondément décevant que le Conseil de sécurité n’ait pas pris cette décision plus tôt, a commenté Kofi Annan, en annonçant son intention de s’enquérir dès demain auprès des parties de la date et de l’heure de la cessation des hostilités.
La résolution prévoit, dès la cessation des hostilités, que le Gouvernement libanais et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) déploient leurs forces ensemble dans tout le sud du pays et que le Gouvernement israélien retire parallèlement toutes ses forces. Pour ce faire, les effectifs de la FINUL dont le mandat est prorogé jusqu’au 31 août 2007, seront portés à un maximum de 15 000 hommes. La Force sera chargée de contrôler la cessation des hostilités ; d’accompagner et d’appuyer les forces armées libanaises à mesure de leur déploiement ; et de faciliter l’accès humanitaire aux populations civiles.
Agissant à l’appui d’une demande du Gouvernement libanais, tendant à ce qu’une force internationale soit déployée pour l’aider à exercer son autorité sur l’ensemble du territoire, le Conseil autorise en outre la FINUL à prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées pour veiller à ce qu’ils ne soient pas utilisés pour des activités hostiles et pour résister aux tentatives visant à l’empêcher par la force de s’acquitter de ses obligations..
À Israël et au Liban, le Conseil lance un appel pour qu’ils appuient un cessez-le-feu permanent et une solution à long terme fondés sur le strict respect par les deux parties de la Ligne bleue et l’adoption d’un dispositif de sécurité qui empêche la reprise des hostilités. Il s’agit notamment d’établir entre la Ligne bleue et le fleuve Litani, une zone d’exclusion de tous personnels armés, biens et armes autres que ceux du Gouvernement libanais et des forces de la FINUL.
Parmi les autres éléments avancés par le Conseil, et sur lesquels pourraient s’appuyer un cessez-le-feu, figurent l’application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que seul l’État libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité. Le Conseil avance aussi comme élément l’exclusion de toute force étrangère présente au Liban sans le consentement de son Gouvernement et l’interdiction de toute vente ou fourniture d’armes et de matériels connexes. Les États sont d’ailleurs appelés à prendre les mesures nécessaires pour empêcher la vente ou la fourniture à toute entité ou individu situé au Liban d’armes et de matériels connexes, à l’exclusion du Gouvernement libanais ou de la FINUL.
L’ensemble des membres du Conseil se sont félicités de l’adoption à l’unanimité de la résolution. Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar a néanmoins rappelé la décision de la Ligue des États arabes de saisir, dès septembre et au plus haut niveau, le Conseil du conflit arabo-israélien compte tenu de l’échec de tous les processus de paix lancés jusqu’à présent. Toute solution de paix, a renchéri le Ministre de la culture du Liban, exige le règlement de la question des fermes de Chebaa, l’élimination de la menace constante sur la sécurité du Liban et le rétablissement de l’autorité du Gouvernement sur tout le territoire. Le plan en sept points adopté à l’unanimité par le Gouvernement libanais permettra de régler la situation de façon durable, a-t-il souligné.
En attendant, le représentant israélien a affirmé que son pays était prêt à répondre à l’appel de la communauté internationale en vue de mettre fin aux hostilités. Il s’est félicité de ce que la résolution adoptée aujourd’hui prévoit un embargo sur les armes et un mandat de la FINUL radicalement différent qui devrait permettre de sécuriser le Sud-Liban et d’assurer le déploiement des forces libanaises. Mais une résolution à elle seule ne fera rien, à moins qu’elle ne soit dotée des outils pour la mettre en œuvre, a-t-il prévenu.
Texte de la résolution
Le Conseil de sécurité,
Rappelant toutes ses résolutions précédentes relatives au Liban, en particulier les résolutions 425 et 426 (1978), 520 (1982), 1559 (2004), 1655 (2006) et 1680 (2006), ainsi que les déclarations de son Président touchant la situation au Liban, en particulier les déclarations des 18 juin 2000 (S/PRST/2000/21), 19 octobre 2004 (S/PRST/2004/36), 4 mai 2005 (S/PRST/2005/17), 23 janvier 2006 (S/PRST/2006/3) et 30 juillet 2006 (S/PRST/2006/35),
Se déclarant extrêmement préoccupé par la poursuite de l’escalade des hostilités engagées au Liban et en Israël depuis l’attaque du Hezbollah en Israël le 12 juillet 2006, qui ont déjà fait des centaines de morts et de blessés des deux côtés, causé des dégâts considérables aux infrastructures civiles et contraint des centaines de milliers de personnes à se déplacer à l’intérieur de leur pays,
Soulignant que la violence doit cesser et soulignant dans le même temps qu’il faut remédier d’urgence aux causes qui ont donné naissance à la crise actuelle, notamment en obtenant la libération inconditionnelle des soldats israéliens enlevés,
Conscient du caractère délicat de la question des prisonniers et encourageant les efforts visant à régler d’urgence la question des prisonniers libanais détenus en Israël,
Se félicitant des efforts du Premier Ministre libanais et de l’engagement pris par le Gouvernement libanais, dans son plan en sept points, d’étendre son autorité sur son territoire, par l’intermédiaire de ses propres forces armées légitimes, de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du Gouvernement libanais et qu’aucune autorité ne s’y exerce autre que celle du Gouvernement libanais, se félicitant également de son engagement vis-à-vis d’une force des Nations Unies dont les effectifs, le matériel, le mandat et le champ des opérations seront complétés et renforcés, et ayant à l’esprit sa demande, formulée dans ce plan, de retrait immédiat des forces israéliennes du Sud-Liban,
Déterminé à agir de telle sorte que ce retrait intervienne le plus tôt possible,
Prenant dûment note des propositions faites dans le plan en sept points concernant le secteur des fermes de Chebaa,
Se félicitant de la décision unanime prise le par le Gouvernement libanais le 7 août 2006 de déployer une force armée libanaise de 15 000 hommes au Sud-Liban en même temps que l’armée israélienne se retire en deçà de la Ligne bleue et de demander l’assistance de forces supplémentaires de la FINUL, selon que de besoin, pour faciliter l’entrée des forces armées libanaises dans la région, et de réaffirmer son intention de renforcer les forces armées libanaises en les dotant du matériel nécessaire pour leur permettre de s’acquitter de leurs tâches,
Conscient de la responsabilité qui lui incombe d’aider à garantir un cessez-le feu permanent et une solution à long terme au conflit,
Considérant que la situation au Liban constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales,
1. Lance un appel en faveur d’une cessation totale des hostilités fondée, en particulier, sur la cessation immédiate par le Hezbollah de toutes les attaques et la cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires ;
2. Dès la cessation totale des hostilités, demande au Gouvernement libanais et à la FINUL, comme elle y est autorisée par le paragraphe 11, de déployer leurs forces ensemble dans tout le Sud, et demande au Gouvernement israélien, alors que ce déploiement commence, de retirer en parallèle toutes ses forces du Sud-Liban ;
3. Souligne l’importance de l’extension de l’autorité du Gouvernement libanais à l’ensemble du territoire libanais, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), et des dispositions pertinentes des Accords de Taëf, afin qu’il exerce intégralement sa souveraineté, de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du Gouvernement libanais et qu’aucune autorité ne s’y exerce autre que celle du Gouvernement libanais ;
4. Réaffirme son appui énergique en faveur du strict respect de la Ligne bleue ;
5. Réaffirme également son ferme attachement, comme rappelé dans toutes ses résolutions précédentes sur la question, à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, comme prévu dans l’Accord général d’armistice israélo-libanais du 23 mars 1949 ;
6. Demande à la communauté internationale de prendre des mesures immédiates pour prêter son concours financier et humanitaire au peuple libanais, notamment en facilitant le retour dans des conditions de sécurité des personnes déplacées et en réouvrant les aéroports et les ports sous l’autorité du Gouvernement libanais, conformément aux paragraphes 14 et 15, et lui demande également de fournir dans l’avenir une aide à la reconstruction et au développement du Liban ;
7. Affirme que toutes les parties ont la responsabilité de veiller à ce que ne soit menée aucune action contraire au paragraphe 1, action qui pourrait être préjudiciable à la recherche d’une solution à long terme, à l’accès de l’aide humanitaire aux populations civiles, notamment au passage en toute sécurité des convois humanitaires, au retour volontaire et dans la sécurité des personnes déplacées, et demande à toutes les parties de s’acquitter de cette responsabilité et de coopérer avec le Conseil de sécurité ;
8. Lance un appel à Israël et au Liban pour qu’ils appuient un cessez-le-feu permanent et une solution à long terme fondés sur les principes et éléments suivants :
– Strict respect par les deux parties de la Ligne bleue ;
– Adoption d’un dispositif de sécurité qui empêche la reprise des hostilités, notamment établissement, entre la Ligne bleue et le Litani, d’une zone d’exclusion de tous personnels armés, biens et armes autres que ceux du Gouvernement libanais et des forces de la FINUL autorisées au paragraphe 11, déployés dans la zone ;
– Application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que, conformément à la décision du Gouvernement libanais du 27 juillet 2006, seul l’État libanais sera autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité au Liban ;
– Exclusion de toute force étrangère au Liban sans le consentement du Gouvernement libanais ;
– Exclusion de toute vente ou fourniture d’armes et de matériels connexes au Liban, sauf celles autorisées par le Gouvernement libanais ;
– Communication à l’ONU des cartes des mines terrestres posées au Liban encore en la possession d’Israël ;
9. Invite le Secrétaire général à appuyer les efforts visant à obtenir dès que possible des accords de principe de la part du Gouvernement libanais et du Gouvernement israélien concernant les principes et éléments en vue d’une solution à long terme tels qu’énoncés au paragraphe 8, et exprime son intention de rester activement engagé ;
10. Prie le Secrétaire général de mettre au point, en liaison avec les acteurs internationaux clefs et les parties intéressées, des propositions pour mettre en œuvre les dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) , notamment de celles relatives au désarmement, et pour délimiter les frontières internationales du Liban, en particulier dans les zones où la frontière est contestée ou incertaine, y compris en s’occupant de la question des fermes de Chebaa, et de les lui présenter dans les 30 jours ;
11. Décide, en vue de compléter et renforcer les effectifs, le matériel, le mandat et le champ d’opérations de la FINUL, d’autoriser un accroissement des effectifs de celle-ci pour les porter à un maximum de 15 000 hommes, et décide que la Force devra, en sus de l’exécution de son mandat au titre des résolutions 425 et 426 (1978) :
a) Contrôler la cessation des hostilités ;
b) Accompagner et appuyer les forces armées libanaises à mesure de leur déploiement dans tout le Sud, y compris le long de la Ligne bleue, pendant qu’Israël retire ses forces armées du Liban comme il est prévu au paragraphe 2 ;
c) Coordonner ses activités relatives à l’exécution du paragraphe 11 b) avec les gouvernements libanais et israélien ;
d) Fournir son assistance pour aider à assurer un accès humanitaire aux populations civiles et le retour volontaire des personnes déplacées dans des conditions de sécurité ;
e) Aider les forces armées libanaises à prendre des mesures en vue de l’établissement de la zone mentionnée au paragraphe 8 ;
f) Aider, sur sa demande, le Gouvernement libanais à donner effet au paragraphe 14 ;
12. Agissant à l’appui d’une demande du Gouvernement libanais tendant à ce qu’une force internationale soit déployée pour l’aider à exercer son autorité sur l’ensemble du territoire, autorise la FINUL à prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées et, quand elle le juge possible dans les limites de ses capacités, de veiller à ce que son théâtre d’opération ne soit pas utilisé pour des activités hostiles de quelque nature que ce soit, de résister aux tentatives visant à l’empêcher par la force de s’acquitter de ses obligations dans le cadre du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité, et de protéger le personnel, les locaux, les installations et le matériel des Nations Unies, d’assurer la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies et des travailleurs humanitaires et, sans préjudice de la responsabilité du Gouvernement libanais, de protéger les civils exposés à une menace imminente de violences physiques ;
13. Prie le Secrétaire général de mettre d’urgence en place des mesures de nature à garantir que la FINUL est à même de s’acquitter des fonctions envisagées dans la présente résolution, exhorte les États Membres à envisager d’apporter des contributions appropriées à la FINUL et de répondre de manière positive aux demandes d’assistance de la Force, et exprime sa vive gratitude à ceux d’entre eux qui ont contribué à la FINUL par le passé ;
14. Demande au Gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée de manière à empêcher l’entrée au Liban sans son consentement d’armes ou de matériel connexe et prie la FINUL, comme elle y est autorisée au paragraphe 11, de prêter assistance au Gouvernement libanais sur sa demande ;
15. Décide en outre que tous les États devront prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher, de la part de leurs ressortissants ou à partir de leurs territoires ou au moyen de navires de leur pavillon ou d’aéronefs de leur nationalité,
a) La vente ou la fourniture à toute entité ou individu situé au Liban d’armes et de matériel connexe de tous types, y compris les armes et leurs munitions, les véhicules et le matériel militaires, le matériel paramilitaire et leurs pièces de rechange, que ce matériel provienne ou non de leur territoire, et
b) La fourniture à toute entité ou individu situé au Liban de toute formation ou moyen technique lié à la fourniture, à la fabrication, à l’entretien ou à l’utilisation des matériels énumérés au paragraphe a) ci-dessus, étant entendu que ces interdictions ne s’appliqueront pas aux armes, au matériel connexe, aux activités de formation ou à l’assistance autorisés par le Gouvernement libanais ou par la FINUL, comme elle y est autorisée au paragraphe 11 ;
16. Décide de proroger le mandat de la FINUL jusqu’au 31 août 2007, et exprime son intention d’envisager dans une résolution ultérieure un nouveau renforcement de son mandat et d’autres mesures visant à contribuer à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent et d’une solution à long terme ;
17. Prie le Secrétaire général de lui rendre compte dans une semaine au plus tard, puis à intervalles réguliers, de l’application de la présente résolution ;
18. Souligne qu’il importe et qu’il est nécessaire d’instaurer une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, sur la base de toutes ses résolutions pertinentes, y compris ses résolutions 242 (1967) du 22 novembre 1967, 338 (1973) du 22 octobre 1973 et 1515 (2003) du 18 novembre 2003 ;
19. Décide de rester activement saisi de la question.
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’ONU, s’est félicité de l’adoption imminente par le Conseil de sécurité d’une résolution visant à mettre fin aux hostilités au Liban. Mais il s’est déclaré profondément déçu que le Conseil n’ait pas pris cette décision plus tôt, convaincu que son sentiment était partagé par des centaines de millions de personnes à travers le monde. M. Annan a pourtant rappelé qu’il avait demandé de manière répétée, comme tant d’autres, la cessation immédiate des hostilités pour le bien des populations civiles. Le bilan est aujourd’hui de plus de 1 000 morts, 3 600 blessés et un quart des habitants du Liban, soit près d’un million de personnes, déplacés. De nombreux logements et infrastructures logistiques ont été détruits. Une telle dévastation serait tragique à n’importe quel moment, elle l’est d’autant plus au moment où le Liban était engagé dans la reconstruction, a déploré M. Annan. Les Israéliens quant à eux ont été exposés à la menace posée par le Hezbollah, qui a mis en danger aussi bien les civils israéliens que les civils libanais. En outre, a poursuivi le Secrétaire général, l’ONU a été la cible de protestations et de violences malgré les efforts de la FINUL, qui a dû faire face à une menace contre laquelle elle n’était pas équipée. M. Annan a par ailleurs félicité les travailleurs humanitaires pour leur travail remarquable.
Cette résolution arrive à point nommé et représente un pas en avant vital, a estimé le Secrétaire général, espérant qu’elle serait adoptée à l’unanimité. Les membres du Conseil devront ensuite œuvrer à la mise en œuvre de ses dispositions sur le terrain. Dès la fin des combats, le chantier véritable sera de raccompagner les personnes déplacées et de veiller au respect de l’intégrité territoriale du Liban. Le Gouvernement libanais, agissant par l’intermédiaire de ses forces légitimes, doit restaurer son contrôle sur l’ensemble du territoire pour prévenir l’arrivée d’éléments stabilisateurs et de matériels dangereux. Israël doit également se retirer du sol libanais, a poursuivi Kofi Annan. La FINUL devra veiller à ce qu’aucun vide ne soit laissé entre le retrait israélien et le déploiement de ses effectifs. Elle devra à cette fin recevoir des effectifs et des matériels significatifs pour lui permettre de s’acquitter de sa tâche. Le Secrétaire général a donc invité le Conseil à reprendre ses consultations sur la question et lancé un appel aux donateurs pour qu’ils fassent preuve de générosité.
Le Secrétaire général a ensuite indiqué qu’il serait nécessaire de régler les questions en suspens, comme la libération des prisonniers, à commencer par les soldats israéliens pris en otage, et le problème des fermes de Chebaa. M. Annan s’est engagé à établir ce week-end avec les parties concernées l’heure exacte de la cessation des hostilités. Le Liban et son peuple méritent l’appui des Nations Unies dans leur volonté de rejeter les éléments extérieurs, qui nécessitera le lancement d’un dialogue national de réconciliation devant rassembler toutes les parties prenantes, y compris au niveau régional la Syrie et l’Iran.
La communauté internationale devra être prête à se pencher sur le contexte plus large de la région, notamment sur la situation dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, ainsi que près des habitations israéliennes situées le long de la bande de Gaza, qui sont exposées à la menace de roquettes Kassem. La crise de ces dernières semaines a démontré qu’il n’y avait pas de solution militaire à un conflit. La guerre n’est pas la continuation de la politique, mais sanctionne au contraire un échec total de l’imagination politique, a affirmé le Secrétaire général. Les traités conclus par Israël avec l’Égypte et la Jordanie ont pu apporter la paix et la stabilité durables le long des frontières d’Israël avec ces deux pays. L’ONU défend la sécurité pour le Liban et toute la région et mettra en œuvre tous les moyens pour résoudre les conflits dans la région, qu’ils soient actifs ou latents, a-t-il conclu.
Mme CONDOLEEZZA RICE, Secrétaire d’État des États-Unis, s’est dite heureuse de se joindre aux membres du Conseil pour appuyer une résolution extrêmement importante. Elle a remercié le Secrétaire général et le Ministre des affaires étrangères de la France pour les efforts qu’ils ont déployés. La plus grande gratitude, a-t-elle souligné, va aux Premiers Ministres libanais et israélien qui, pendant toutes ces épreuves, ont véritablement servi leur peuple. Aujourd’hui, la communauté internationale va ouvrir la voie à la paix durable entre le Liban et Israël. Le statu quo n’était plus tenable. Dès le commencement du conflit, les États-Unis ont insisté sur le fait que le cessez-le-feu ne serait pas possible sans un changement. Désormais, a-t-elle estimé, un Liban plus fort peut émerger et le travail difficile de mise en œuvre va pouvoir commencer. La résolution, a-t-elle expliqué, vise la cessation immédiate des hostilités, la libération sans condition des prisonniers israéliens, l’arrêt des attaques du Hezbollah et la cessation des opérations israéliennes. Les deux parties doivent maintenant se prononcer sur la mise en œuvre de la résolution qui appelle d’ailleurs toutes les parties à prendre des mesures pour protéger les civils.
Le Hezbollah doit faire un choix entre la guerre et la paix et il faut espérer qu’il fasse le bon choix, a averti la Secrétaire d’État, en soulignant que la résolution aide aussi le Liban à élargir sa souveraineté grâce à une force nationale qui viendra renforcer la FINUL. C’est une FINUL renforcée avec un mandat élargi, une plus grande portée et des effectifs plus importants, a-t-il souligné, en estimant qu’il ne s’agit en aucun cas de la même force. Les forces armées libanaises se déploieront dans le Sud-Liban pour veiller à ce que le Hezbollah ne compromette pas la stabilité, a-t-il rappelé. Parallèlement, Israël devrait se retirer. En plus de ces dispositions, le Conseil devrait prévoir d’autres mesures en faveur d’un cessez-le-feu permanent. La résolution, a-t-elle encore rappelé, impose un embargo contraignant sur toutes les entrées d’armes au Liban. Enfin, la résolution jette les bases et les principes politiques pour une paix durable, à savoir l’absence de groupes armés et l’autorité exclusive du Gouvernement libanais La Secrétaire d’État a tenu à souligner que le règlement de questions telles que celles liées aux fermes de Chebaa dépendra du degré de sécurité. Aujourd’hui, a-t-elle estimé, le défi est d’aider les millions de personnes déplacées à reconstruire leur vie. Les États-Unis continueront à travailler avec le Liban et Israël pour faciliter cette reconstruction. Les deux pays doivent transformer cette tragédie en une occasion propice pour jeter les bases d’une paix durable, globale et complète. La voie choisie par les États était la seule voie efficace et réaliste pour aider le Liban, Israël et le Moyen-Orient à s’acheminer vers la paix.
M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Ministre des affaires étrangères de la France, a rappelé que depuis le début du conflit, son gouvernement avait appelé à une cessation immédiate des hostilités, à une levée du blocus économique et au retour des personnes déplacées. Le règlement auquel nous avons travaillé devra permettre de parvenir au rétablissement de la souveraineté du Liban sur son territoire et de garantir le droit d’Israël à la sécurité, a assuré M. Douste-Blazy. Liée historiquement au Liban, la France est attachée à la souveraineté et à l’indépendance de ce pays et au droit d’Israël à sa sécurité. C’est dans cet esprit qu’elle a travaillé de façon intensive à l’élaboration d’un projet de résolution. La France a salué l’initiative du Liban de déployer son armée dans le sud du pays, qui constitue un élément essentiel de la restauration de l’autorité du Gouvernement libanais sur l’ensemble de son territoire, comme l’y enjoignaient plusieurs résolutions précédentes. Le Liban et Israël ont fait part de certaines demandes, dont la France et la communauté internationale ont tenu compte pour garantir un cessez-le-feu durable et une solution de long terme, a indiqué le Ministre. L’essentiel est d’obtenir une cessation immédiate des hostilités, mais aussi d’enclencher un processus qui verra le déploiement de l’armée libanaise au sud, avec l’aide d’une FINUL renforcée. Cela se fera de façon concomitante avec le retrait de l’armée israélienne au sud de la Ligne bleue. M. Douste-Blazy a souligné que par cette résolution, le Conseil de sécurité répondait à la demande du Gouvernement libanais de porter la FINUL à hauteur de 15 000 hommes maximum. Celle-ci apportera une aide à plus d’un titre et devra notamment veiller au respect du cessez-le-feu permanent le long de la Ligne bleue. La France estime enfin indispensable que de nombreux pays puissent répondre rapidement aux demandes des autorités libanaises, en contribuant au renforcement de la FINUL. La France, déjà présente au sein de la Force, examinera avec ses partenaires européens l’éventuel appui supplémentaire qu’elle pourrait apporter à celle-ci, a ajouté le Ministre français des affaires étrangères, qui a conclu en affirmant qu’il importait que ce que le Conseil de sécurité offre aujourd’hui au Liban, la communauté internationale devra l’offrir demain au peuple palestinien.
M. HAMAD BIN JASSEM BIN JABR AL-THANI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, a remercié la France et les États-Unis pour leurs efforts visant à améliorer le libellé de la résolution. Il a néanmoins souligné que le Conseil aurait dû adopter un texte dès le premier jour des hostilités et traiter ensuite des autres questions. Il a aussi estimé que le texte fait abstraction des questions complexes sur le plan historique. La résolution, a-t-il encore dit, ne tient pas compte des intérêts du Liban comme les horreurs de la destruction, la responsabilité juridique et humanitaire d’Israël et la question des prisonniers libanais. Malgré tout cela, le Qatar a accepté le texte pour mettre un terme aux effusions de sang et selon son entendement, a prévenu le Vice-Premier Ministre, le désarmement des groupes armés et le contrôle de la zone du fleuve Litani relèvent de la compétence exclusive du Gouvernement libanais. Le Vice-Premier Ministre a poursuivi en appelant le Conseil à prendre des mesures pour régler la question des fermes de Chebaa conformément au plan en sept points entériné par le Gouvernement libanais. Concluant sur un contexte plus large, le Vice-Premier Ministre a estimé que c’est le fait de ne pas traiter, de manière équitable, la crise au Moyen-Orient qui a provoqué toutes ces crises. Il a rappelé la décision des pays de la Ligue des États arabes de saisir dès septembre le Conseil de sécurité du conflit arabo-israélien compte tenu de l’échec des processus lancés jusqu’ici.
Mme DORA BAKOYANNIS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a affirmé que cette crise témoignait d’un échec de la communauté internationale à répondre à temps aux attentes de populations en détresse. La Grèce avait appelé d’emblée à la cessation immédiate des hostilités, a rappelé sa représentante, qui s’est dite convaincue que la guerre ne servait à rien. Ni les victoires sur les champs de bataille, ni les tirs de roquettes, ni les attentats terroristes n’ont jamais servi les intérêts des peuples de la région, a-t-elle poursuivi. Elle s’est ensuite félicitée que la résolution offre le cadre d’un processus politique précis pour un règlement durable du conflit, qui devrait permettre la mise en œuvre dans les meilleurs délais des dispositions des résolutions 425 (1978), 1559 (2004) et 1680 (2005). Affirmant qu’aucune occupation par une force étrangère n’était tolérable, la Ministre a déclaré qu’il était indispensable que le Gouvernement libanais rétablisse son autorité sur l’ensemble de son territoire. De l’avis de sa délégation, cette résolution est un premier pas vers une paix durable et c’est pourquoi il faudrait veiller à sa pleine application. Les effusions de sang, les bombardements et les souffrances des civils doivent cesser dès maintenant, a-t-elle insisté. La résolution nous engage à travailler maintenant pour parvenir aux étapes suivantes. Mme Bakoyannis a fait observer que la communauté internationale ne devrait pas oublier la question palestinienne, à laquelle doit être trouvée une solution, et sans laquelle une paix juste, durable et globale ne sera pas possible dans la région.
Mme MARGARET BECKETT, Secrétaire d’État du Royaume-Uni, s’est félicitée d’une résolution dont les objectifs sont clairs. Le point le plus crucial porte sur la nécessité d’un cessez-le-feu permanent. Les négociations ont été aussi longues parce que, a-t-elle expliqué, le but était d’adopter un texte qui aille au-delà du court terme et prenne en compte les intérêts des deux pays. La résolution souligne la détermination de la communauté internationale à aider le peuple libanais à prendre un nouveau départ et à vivre en prospérité et en paix avec tous ses voisins. La Secrétaire d’État a poursuivi en formulant le vœu qu’une cessation des hostilités rapides permettra l’intensification des activités humanitaires. Le Royaume-Uni jouera pleinement son rôle, comme en témoignent les équipes techniques qu’il a dépêchées sur place. La Secrétaire d’État a également promis une somme de six millions de livres aux fonds et programmes des Nations Unies.
L’important aujourd’hui est d’assurer la souveraineté du Liban et la sécurité d’Israël, a-t-il dit, en jugeant qu’on ne peut réaliser un objectif sans garantir l’autre. Il est temps de mettre fin aux attaques du Hezbollah qui fait face désormais à un choix historique, poursuivre la violence ou appuyer les aspirations du peuple libanais grâce à la voie politique de la paix. Les parties doivent respecter la résolution mais il faut aussi que la Syrie et l’Iran revoient leur position. Veulent-ils travailler avec la communauté internationale ou s’opposer à ses efforts avec les conséquences graves qui ne sauraient manquer ? Après avoir qualifié, une nouvelle fois, d’inadmissibles les propos du Président iranien à l’égard de l’État d’Israël, elle a attiré l’attention du Conseil sur la situation à Gaza. Elle a réitéré son appui au Président Abbas, en estimant que la paix ne viendra que par le biais d’un règlement global et durable qui exige la lutte contre l’extrémisme et pour la tolérance et la modération. La Secrétaire d’État a souligné l’importance de la Feuille de route avant d’annoncer une visite dans la région du Premier Ministre britannique.
M. PER STIG MǾLLER, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a en premier lieu déclaré qu’afin de mettre un terme aux souffrances humaines et ouvrir la voie à un règlement politique négocié, il était indispensable qu’il y ait une cessation immédiate des hostilités. Il a souligné qu’il ne saurait y avoir de solution militaire à cette crise. Au contraire, a-t-il précisé, des violences et des combats renouvelés ne faisaient qu’alimenter la haine et le fanatisme qui ont fait obstacle à un règlement global du conflit au Moyen-Orient depuis déjà très longtemps. Il a souligné qu’il ne faudrait pas laisser les extrémistes gagner et définir les orientations futures. Précisant que plusieurs parties étaient responsables du conflit, le Ministre a rappelé que le Hezbollah en était la source première. Son pays avait demandé à la Syrie et à l’Iran d’agir de manière responsable et avait exhorté Israël à faire preuve de retenue, à s’abstenir du recours à des actions disproportionnées et l’avait mis en garde sur l’anéantissement éventuel du Liban dans sa lutte contre le Hezbollah.
Le Ministre danois des affaires étrangères a ensuite rappelé que l’un des objectifs principaux de la résolution consistait à assurer la souveraineté, l’intégralité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban, conformément à la résolution 1559. Afin que ces objectifs soient réalisés, a-t-il indiqué, son pays avait accueilli avec intérêt la décision prise par le Gouvernement libanais de déployer 15 000 soldats au Sud-Liban et soutenu le renforcement de la FINUL, tant du point de vue de ses effectifs, que de son équipement, son mandat et la portée de ses opérations. Les efforts humanitaires menés par les Nations Unies et d’autres organisations de secours, a-t-il souligné, ont joué un rôle capital et permis de sauver des vies humaines. Le Ministre a ajouté qu’il était vital que les organisations internationales à vocation humanitaire puissent venir en aide, en toute sécurité et sans entrave, aux personnes touchées par ce conflit, et que le Danemark qui avait contribué à ces efforts et répondu à l’appel humanitaire des Nations Unies, se tenait prêt renouveler son assistance.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a rappelé qu’au cours des consultations qui se sont tenues sur la situation au Liban, son pays a souligné à maintes reprises que toute résolution du Conseil de sécurité et toute armature de règlement devaient respecter et refléter les préoccupations de toutes les parties intéressées, notamment celles du Liban et des pays arabes.
Il a indiqué que la résolution dont était saisi le Conseil, basée sur l’intégration de la proposition en sept points du Gouvernement libanais, incorporait quelques points importants, dont une cessation pleine et entière des hostilités, un appel au déploiement conjoint des forces armées libanaises et de la FINUL au Sud-Liban, parallèlement au repli de l’armée israélienne derrière la Ligne bleue. Il a par ailleurs précisé que le Liban, Israël et les pays arabes n’avaient pas présenté d’objections à cette résolution, et que la Chine s’était de ce fait prononcée en faveur de la résolution 1701. Enfin, il a saisi cette occasion pour réitérer que le conflit libano-israélien ne devait pas détourner l’attention sur les souffrances du peuple palestinien. Le représentant chinois a émis l’espoir qu’avec les efforts d’Israël et des pays arabes, et sur la base des résolutions pertinentes et du principe « terre contre paix », il sera possible de relancer le processus de paix et d’instaurer une paix globale, juste et durable dans un proche avenir.
M. PETER BURIAN (Slovaquie) s’est dit convaincu que cette résolution, dont sa délégation a été l’un des coauteurs, offrait une base importante pour la cessation des hostilités et le début d’un règlement durable de la crise libanaise. Nous sommes convaincus qu’aucune solution militaire n’est possible au Moyen-Orient. De l’avis du représentant slovaque, une solution durable ne peut être obtenue sans une application de toutes les dispositions de la résolution adoptée aujourd’hui. Il faut notamment prendre des mesures contre les flux illégaux d’armes et de personnes et les attaques illégales qui visent les territoires des États voisins, et renforcer dans les meilleurs délais les mandats et les effectifs de la FINUL, auxquels la Slovaquie se dit prête à contribuer. Le représentant a en outre souligné la nécessité de raccompagner les personnes déplacées, telle que prévue dans la résolution. Il a toutefois affirmé que cette résolution ne pourrait remplacer un accord entre les parties au conflit, qui sera seul de nature à garantir la paix durable dans la région.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné la situation humanitaire difficile au Liban dont les plaies ne guériront pas de sitôt. Il a rappelé à quel point son pays a insisté sur un cessez-le-feu dès le début du conflit. L’origine de ces flambées de violence tient surtout à l’absence de mesures décisives pour régler les problèmes fondamentaux de la région. Il devient urgent, a estimé le représentant, d’examiner la situation dans la région sur la base des résolutions du Conseil de sécurité. Pour aboutir à l’adoption de la résolution aujourd’hui, la Fédération de Russie a fait tout ce qu’elle a pu pour accélérer le processus. C’est la raison pour laquelle elle a proposé hier un projet de résolution sur une trêve qui n’a plus lieu d’être, compte tenu du caractère plus complet de la résolution adoptée aujourd’hui. Il est important de continuer sur la voie établie par cette résolution et la Fédération de Russie n’épargnera aucun effort pour contribuer à un règlement global de la question du Moyen-Orient.
M. CÉSAR MAYORAL (Argentine) a voté en faveur de la résolution afin de mettre fin aux hostilités entre le Liban et Israël qui ont été lancées le 12 juillet dernier. Nous regrettons cependant que le Conseil ait eu besoin d’un mois pour prendre une décision et assumer ses responsabilités, a-t-il précisé. La préoccupation principale de la délégation concerne les civils innocents, qui ont été les victimes des violences, alors que le droit international humanitaire impose des règles qui doivent être observées de manière rigoureuse. Condamnant les violations perpétrées dans le cadre de ce conflit, l’Argentine a demandé que cessent les affrontements et que soit garantie la liberté de mouvement du personnel humanitaire sur le sol libanais, dont le rôle est d’apporter une aide aux populations en détresse et de les aider à prendre le chemin du retour. Le représentant s’est dit convaincu qu’il fallait mettre en œuvre toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il est en outre prioritaire de préparer le déploiement d’effectifs supplémentaires afin de pouvoir renforcer la FINUL, a poursuivi le représentant de l’Argentine, qui a par ailleurs demandé que soient pris en considération les sept points du plan du Gouvernement libanais, notamment concernant les fermes de Chebaa. La situation humanitaire à Gaza s’aggravant de jour en jour, le représentant a espéré que le Conseil de sécurité accordera à l’avenir son attention à la question palestinienne.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a regretté que le Liban ait dû attendre un mois pour obtenir un tel texte, avant de se féliciter de son adoption à l’unanimité. Il a remercié les coauteurs du texte, en particulier la France et les États-Unis. Le train de mesures de la résolution est le fruit d’un compromis politique qui ne peut satisfaire aucune partie à 100%, a-t-il reconnu. Mais, a-t-il souligné, il s’agit d’un cadre fiable pour un cessez-le-feu si les parties font preuve d’une bonne volonté et si elles sont appuyées par la communauté internationale. Il a appelé les parties à commencer rapidement la définition du cadre politique convenu. Il a conclu en exprimant sa profonde préoccupation devant la situation humanitaire au Liban et à Gaza.
M. TUVAKO MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que son gouvernement avait rendu publique à la fin du mois de juillet une déclaration dans laquelle il avait demandé une cessation immédiate des hostilités entre Israël et le Hezbollah. Notre objectif a toujours été d’empêcher la multiplication des victimes et de permettre l’ouverture d’un accès humanitaire. Le représentant a déclaré qu’une solution politique à long terme au conflit devrait être recherchée dans les meilleurs délais, et qu’elle serait préférable pour parvenir à une paix durable. Les habitants du Liban ne devraient pas faire les frais des hostilités. Il s’est enfin félicité du plan en sept points du Gouvernement libanais, qui a été complété par la proposition du Liban de déployer 15 000 hommes au sud du pays afin de lui permettre de reprendre le contrôle de son territoire, avec l’appui de la FINUL.
M. HUGO PEREYRA (Pérou) a estimé que la résolution représente le début de la fin de la violence et de la destruction. Il a exhorté les parties à cesser immédiatement les hostilités conformément à la résolution pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Il a espéré que le renforcement de la FINUL se produira dès que possible pour qu’elle puisse assumer le plus rapidement possible son mandat.
M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Ministre des affaires étrangères du Ghana, s’est félicité de la détermination de la France et des États-Unis à élaborer une résolution visant à obtenir une cessation immédiate des hostilités au Moyen-Orient. Il est clair que la solution à la crise ne pouvait pas être militaire, a-t-il affirmé, avant de dire qu’il partageait les avis des orateurs selon lesquels cette résolution permettrait la fin immédiate des hostilités entre Israël et le Liban. L’adoption de cette résolution devrait constituer un pas important vers les étapes suivantes. À cette intention, le Ministre a souligné la nécessité d’œuvrer à ce que deux États, Israël et la Palestine, puissent coexister dans la paix à l’intérieur de frontières internationalement reconnues.
M. TAREK MITRI, Ministre de la culture et Envoyé spécial du Gouvernement du Liban, a souligné qu’un long mois s’est écoulé depuis que le Gouvernement du Liban a exhorté « avec passion » au cessez-le-feu et à la cessation de l’horreur qu’Israël a fait régner au Liban. La stratégie de terreur a touché l’ensemble des Libanais. Le massacre et le nettoyage des villages et la destruction aveugle des infrastructures ne sont rien de moins que criminels. Le quart de la population est déplacée et il lui manque tout. La cause de cette situation est la riposte disproportionnée d’Israël dont les forces refusent de faire la distinction entre les combattants et les civils. Depuis le premier appel au cessez-le-feu, le Liban a proposé un plan en sept points fondé sur le consensus national, a rappelé le Ministre.
Un cessez-le-feu incomplet n’est pas un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu dont les termes ne peuvent être mis en œuvre n’est pas un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu qui autorise une partie à ne pas renoncer à la force n’est pas un cessez-le-feu, s’est insurgé le Ministre, en soulignant que son pays a demandé un cessez-le-feu que l’on peut mettre en œuvre afin que toutes les hostilités cessent. Nul plus que le Liban ne voudrait s’assurer que l’on revienne ici devant le Conseil de sécurité mais l’invasion continue du Liban démontre la conviction d’Israël que la force permettra de régler les questions de la région.
Le Ministre s’est félicité que le Conseil ait reconnu le problème des fermes de Chebaa et a espéré qu’il prendra les mesures nécessaires pour les résoudre, éliminant ainsi l’une des causes du conflit. Mais franchement, a-t-il prévenu, les Libanais ne font pas confiance à la distinction que fait Israël entre une opération défensive et offensive. Parlant du blocus imposé à son pays par l’armée israélienne, le représentant a attiré l’attention sur le manque d’accès humanitaire. Il a donc plaidé pour le renforcement rapide de la FINUL pour surveiller non seulement la cessation des hostilités mais aussi le cessez-le-feu. Toute solution passe par le règlement de la question des fermes de Chebaa, l’élimination de la menace constante sur la sécurité du Liban, et le rétablissement de l’autorité du Gouvernement sur tout le territoire. Le plan en sept points permettra de régler la situation de façon durable, a-t-il dit. Il a annoncé que le Conseil des Ministres se réunira demain pour examiner la résolution adoptée aujourd’hui. Il est essentiel que le Conseil agisse immédiatement pour mettre fin à l’invasion du Liban par Israël, a conclu le Ministre.
M. DAN GILLERMAN (Israël) a affirmé que son pays faisait face aujourd’hui au Liban à la même idéologie génocidaire et à la mentalité terroriste à l’origine du complot déjoué hier à Londres. La tragédie que nous avons connue ces dernières semaines n’est que l’aboutissement des manœuvres de l’Iran et de la Syrie, par l’intermédiaire des militants du Hezbollah. Or, la seule façon d’éviter la crise entre Israël et le Liban consiste en la mise en œuvre inconditionnelle des résolutions 1559 et 1680, qui prévoient notamment le retrait des forces étrangères et le rétablissement de l’autorité du Gouvernement libanais sur l’ensemble du territoire.
Face à l’échec d’assurer la mise en œuvre de ces dispositions, Israël n’a pas eu d’autre choix que d’agir à la place du Liban. Mais après six années d’inaction qui ont permis au Hezbollah de profondément s’enraciner dans le pays, il reste encore beaucoup à faire. Revendiquant le droit d’Israël à défendre ses citoyens et à libérer ses soldats enlevés, le représentant a cependant affirmé que son pays était prêt à répondre à l’appel de la communauté internationale en vue de mettre fin aux hostilités. Il s’est félicité que la résolution adoptée aujourd’hui prévoit un embargo sur les armes et un mandat de la FINUL radicalement différent qui devrait permettre de sécuriser le Sud-Liban et d’assurer le déploiement des forces libanaises.
Mais une résolution à elle seule ne fera rien, à moins qu’elle ne soit dotée des outils pour la mettre en œuvre. Nous devons saisir cette occasion pour ouvrir un nouveau chapitre où une main tendue pour la paix ne sera pas perçue comme un signe de capitulation. Les dernières semaines ont montré le scénario qui nous attendrait si l’Iran était doté d’armes de destruction massive. Par deux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité en l’espace d’un mois, ce régime est aujourd’hui empêché d’acquérir des armes nucléaires et de faire la guerre interposée sur le territoire d’autres pays, a tenu à souligner M. Gillerman en conclusion.
Documents de référence sur la crise libanaise :
– Accords de Taëf (23 octobre 1989)
– Résolution 1559 (2 septembre 2004) souveraineté du Liban
– Rapport d’évaluation du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559 (1er octobre 2004)
– Rapport Fitzgerald (24 mars 2005)
– Résolution 1595 (7 avril 2005) Commission d’enquête
– Premier rapport semestriel du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559 (26 avril 2005)
– 1er rapport sur l’assassinat de Rafik Hariri (Mehlis) (20 octobre 2005)
– Deuxième rapport semestriel du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559 (26 octobre 2005)
– Résolution 1636 (31 octobre 2005) Comité des sanctions
– 2ème rapport sur l’assassinat de Rafik Hariri (Mehlis) (10 décembre 2005)
– Résolution 1644 (15 décembre 2005) Prorogation de la Commission
– Résolution 1655 (31 janvier 2006) Prorogation de la Finul
– Document d’Entente CPL-Hezbollah (6 février 2006)
– 3ème rapport sur l’assassinat de Rafik Hariri (Brammertz) (14 mars 2006)
– Rapport préliminaire du Secrétaire général de l’ONU sur la création d’un tribunal spécial pour le Liban (20 mars 2006)
– Résolution 1664 (29 mars 2006) Tribunal pénal international
– Troisième rapport semestriel du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559 (19 avril 2006)
– Résolution 1680 (17 mai 2006) Souveraineté du Liban
– 4ème rapport sur l’assassinat de Rafik Hariri (Brammertz) (10 juin 2006)
– Résolution 1701 (11 août 2006) Cessation des hostilités
– Premier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le suivi de la cessation des hostilités (daté 18 août 2006)
– Deuxième rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le suivi de la cessation des hostilités (12 septembre 2006)
– 5ème rapport sur l’assassinat de Rafik Hariri (Brammertz) (25 septembre 2006)
– Quatrième rapport semestriel du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559 (19 octobre 2006)
– Rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la création d’un tribunal spécial pour le Liban (15 novembre 2006)
– 6ème rapport sur l’assassinat de Rafik Hariri (Brammertz) (12 décembre 2006)
– Troisième rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le suivi de la cessation des hostilités (14 mars 2007)
– 7ème rapport sur l’assassinat de Rafik Hariri (Brammertz) (15 mars 2007)
– Cinquième rapport semestriel du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559 (7 mai 2007)
– Quatrième rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le suivi de la cessation des hostilités (28 juin 2007)
– 8ème rapport sur l’assassinat de Rafik Hariri (Brammertz) (12 juillet 2007)
– Sixième rapport semestriel du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559 (24 octobre 2007)
– Cinquième rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le suivi de la cessation des hostilités (30 octobre 2007)
– Rapport du groupe de travail sur les détentions arbitraires du Comité des Droits de l’homme de l’ONU (30 novembre 2007) Détention arbitraire des généraux libanais
– Sixième rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le suivi de la cessation des hostilités (28 février 2008)
– Septième rapport semestriel du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559 (21 avril 2008)
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